Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 12:52

 

« Je meurs et ne sais pas ce que c'est de naître. »

L'immortalité, Alphonse de Lamartine

 

Il a écrit des sonnets ; il a cru être Pétrarque

Il n'était qu'un patraque marchand de patates

Dispensant à qui mieux mieux des recueils encor chauds d'orgueil

Son cœur, oh oui il le brade pour un sourire (la valeur ultime!)

Il était coupable et déjà puni d'être soi-même pour toujours lorsque sa mère lui enleva à son dixième anniversaire, le sommeil !

 

Il a écrit des sornettes ; il a cru qu'être poète

C'était pleurer pour des prunes, se brûler les yeux en fixant la Lune

C'était pareil à l'astronomie, mais avec un lance-comète pour chambouler l'espace-temps

Mais il n'était au fond qu'un éternel débutant.

Vivant à moitié dans un songe, souvent il s'éclipsait de ses soucis

Plongeant son corps nu dans la mer des astres,

Il voulait rencontrer le ver qui le ronge depuis des lustres.

 

Il a sifflé des nénettes ; il a cru être amoureux

Le débutant sans nul allié marche sur ses pieds sourds

Entonne une guinguette de Montmartre (il ne connaît que celle-là)

Il ne sait que monter les froids escaliers

Et les courtisans guettèrent ses jours.

 

 

Quand on ne le cita plus dans les préfaces et les gazettes

Le poète déferla la violence publique à bicyclette

Dans les barricades improvisées, il dit Je à longueur de fusillade

A un gendarme ennuyé, il fit croire qu'il était un dragon

Puis, il en eut marre, son cœur se délassa de son amant de naissance

Comme Ève croqua la pomme pour quitter Adam et Éden

Son cœur en eut marre d'être Je, quelle tuile !

Son cœur ne croyait plus en lui, et peu à peu ralentit

Marre d'être le dernier de la troupe

Marre d'être l'accoudoir de ses boissons

Marre d'être le couteau à pain de ses états d'âme

Marre d'être la cocotte-minute de son rythme inégal

Jusqu'à ce que fume le génie lyrique et le désir panique.

 

Le pauvre poète lâcha le guidon,

Il devint pâle comme le carrelage

Plus aucun rayon ne l'atteignait

Errant dans les rues (ça lui donne l'air Hoffmann)

La main sur le thorax, lacérant lascivement son sein

Il appelait au diacre, au cardiologue, à n'importe quel sauveur

Les orbites tournés vers l'intérieur, il ne trouva pas d'âme

Était-ce donc le dernier voyage, pensa le poète ?

Ma vie est-elle si vite abolie ?

Je n'ai même pas rédigé mes Mémoires en seize volumes !

Le monde disparaîtra de lui sans avoir connu sa vie et sa vieillesse...

 

Les jeunes femmes, assises à une table dans le parc, l'aperçurent

Penché sur son minuteur tremblant de peur devant le néant qui se déploie

Il n'y avait soudainement plus de grand Mystère, plus de Dieu de signalisation

Seulement la large mer du destin sur laquelle il se jetait, à contre-coeur, une planche sous le ventre

Oh combien il ne voulait pas quitter la côte et ses souvenirs

Oh combien il s'était terriblement trompé sur sa vie

Il écoutait le plus faible battement qui annoncerait la cuisson

Elles pensèrent alors qu'il avait le cœur brisé

Mais, oh non, son cœur n'était loin de là, que las de mentir, il voulait alors partir

Surtout foutre la frousse au cruel poète aux yeux alarmés par la mort qui vient sur les chapeaux de roue

Ô la Mort qu'il a tant chanté, il ne la connaît pas si bien... !

 

Arrivé flageolant et veule, au pied de l'hôpital, il s'écroula d'un coup

Sa montre indiquait huit heures et son visage grimaçait comme un diable

Une semaine plus tard, on retrouva son cœur ronronnant dans la bibliothèque municipale.

Partager cet article
Repost0
16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 12:48

« Je venu dans ce monde pour exercer mon jugement
afin que ceux qui ne voient pas, voient et que ceux
qui voient deviennent aveugles. »
Evangile selon Jean (9:39)

 

L'immense œil noctambule et les candélabres de papier se froissèrent
Comme se fanent les fleurs au son de nos bottes en caoutchouc


Nous avancions vers l'entrée des Catacombes
Le royaume d'Hadès et des tranquilles ténèbres
Ne se trouvent pas si loin qu'on ne le croit
Il est
Au centre de l'ancienne ville de la ville du stupre
Reine souillée qui renferme en son sein
Les tripes de son malheur le plus noir.


Une large entraille tire sur le sol argileux
Une longue langue de bois et de fer
Témoignage du dégoût de Paris pour son secret
Un tunnel vidé de ses trains cache son gosier
Une minuscule entaille.


Mes deux amis escaladent la muraille qui sépare
Le monde des rues et le monde des couloirs
Celui du bitume et celui de la boue.


Je les suis plein de crainte de plonger dans un océan d'où je ne pourrais pas remonter.
Nous nous immergeâmes dans le ventre incolore
Dans cette fente en marge des rails.
Les faibles lueurs de dentifrice des immeubles d'Alésia
La ville se taisait et sa bouche pleine d'omnibus
Crachait sa dernière alerte au loin
En un arc de cercle perdu à nos yeux
Déjà nageant dans l'aventure
Nous entrions de l'autre côté du télescope.


Et là
Le noir le plus complet
L'unité des morts et des vivants
La masse des choses confus dans l'absence de distance
Tout revient à son origine
Où il n'y avait nul frontière
Où nous étions dans le ventre de nos mères, dans le même corps qu'elle
On se demande
« Et si tout s'arrêtait par un clignement d’œil ? »
Mais l’œil ne cligne quand il n'existe pas.
Et la flamme éructant de la lampe de carbone muette
Souffle dans l'obscurité quelques mots que seul l'espace entend
Et tisse nos corps en une ellipse de calme
C'est redevenu, nous et le monde.


Seul dans le silence, nos jambes avancent
J'entends d’épatants étangs dans mon oreille
Et le battement du cœur urbain, le métro au réveil
Bousculant le souterrain.


Nous devenons de grands aveugles
Et nos yeux sont multiples autant que vides
Et tous nos rêves se projettent contre les parois
Comme autant de peintures rupestres.


Nous touchons la peau de Paris tatouée par les sans-rangs
On peut sentir leur sang
Celle que la capitale cache depuis deux siècles à recours de goudron
Une peau abrupte, une peau sincère
Toutes les formes la gomme et la phylactère, des blocs solides, de glissantes nappes ou des banquises.
Il n'y a que calcaire, on imagine le ciel dans la fumée
Mais on est bien seul dans le noir
Comme on l'est enfant dans un placard
Sauf que personne ne viendra vous chercher.
Aucune Lune, aucun regard pour vous juger
Les carrefours n'ont pas d'Hermès
N'importe où l'on va, il n'y aura rien qui vous attende.
Vous êtes juchés sur vous-même et votre limite
C'est votre voix. Elle disparaît progressivement
Ou bien s'incorpore aux silences et les signes
Que seul vous pouvez voir vous sauve du précipice.


Comment vieillir sans le temps qui passe ?
Les catacombes rendent-ils fol ou immortel ?
Les plaques des puits scellés sont des boucliers contre l’extérieur.


Nous plongeons toujours plus sombres, nous touchons le fond du bout des pieds
Pensant à peine revenir à la surface, nous sommes emplis d'oxygène volé aux passants d'ici-haut et nous
brûlerons jusqu'au matin comme nos lampes.


Salle après salle, les souvenirs laissés par l'avenir
Une canette de bière fait un bougeoir
Un cube sans piliers fait une table somptueuse
Et une dalle de couverture, un banc pour moine.
Et ces palais dans l'invisible réservent leurs tours
A notre imagination, des beautés soupçonnées.


Nous croisons le fanal d'autres éborgnés
Renvoyant dans le vide les appels d'une quête
Que les mains comprennent.


Nous découvrons appuyé contre de faux arbres de pierre
Nos vieux frères les ombres
Gigantesque dans leur royaume
Ce sont des hommes debout sans détails et sans ossature
Gardien des vastes couloirs qu'ils embrassent à l'envi
Je crois qu'ils s'en retournent aux Catacombes lorsque nos corps
Tombent dans la terre et le trépas, ils se faufilent un peu plus dans le tréfonds.


Entendrez-vous sous l'enveloppe des choses
La lanterne brune de Samaël
Chantonner et clapoter dans l'osmose
Faire enfin le portrait du Réel

 

Il vous dira de ses lèvres pourpres


« Vous n'êtes que la sève de la Lumière sévère
Se reflétant dans le Lethée millénaire
Tout est un petit mensonge sur une seule page


Comme vos rêves, le long desquels s'écoule ce fleuve-mirage
Vous êtes des boîtes à musique secrètes
Qui secrètent la plus belle Fugue
Lorsqu'elle s'ouvre au Ciel et aux Anges
Et que vos sens disparaissent d'intensité.


Un jour votre monde dormira ensemble
Et recouvrera l'originelle Cécité
La vraie Vision des choses au delà de ce qui semble
Vous jetterez vos nouvelles lumières sur le Songe Perpétuel.
Et vous vous mettrez à table avec le Père. »

Partager cet article
Repost0
16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 12:42

« Tandis qu'il descendait les marches, une impression effaçait le
recueillement troublé dans son esprit : celle d'un masque
morne, reflétant le jour englouti sur le seuil du collège. »
Portrait de l'artiste en jeune homme, James Joyce

 

I


Jeune homme venant de partout
Partant pour toujours
Cherches-tu au cœur des abats-jours
La lumière de la sagesse ?


Si tel est ton souhait
Fuis, le temps presse !
L'université et ses grandes messes
Cette boîte à chaussures.


C'est fou comme on peut ne pas savoir lire
Et néanmoins sortir dans les rues ivres
Tomber amoureux de toutes les vouivres
Pis se rendre à l'université pour le plaisir.


Les hommes croient qu'à raison
Toutes les routes mènent à l’œuvre
Que les savoirs sont dans cette maison
Les hommes se trompent d'épreuve.


Passez l'arche orange et la porte battante
Vous marcherez longuement dans l'attente
D'apprendre au moins un morceau de laine
Vous ne lirez sur murs et tables que peine.


II


Qui habite ces lieux
Fermés de l'intérieur ?
Des êtres odieux
Les étudiants se meurent


Ils sont comme des fleurs,
Courbés par le poids d'une ampoule
Inondant de rayons les foules
Elles arrachent leurs racines de fureur


Les plus talentueuses des souris
Se terrent dans les bibliothèque
Et devenant fins fennecs
Contemplent le monde depuis un soupirail.


Aux abords des plans, les soupirants
Traversent à longueur de temps
Des ponts interminables
Leurs figures se perdent dans les fables.


Je suis là dans un angle mort des mémoires
Sous le cyprès, sous le préau, sous mon ennui
Mes yeux sont du diamants, par le carbone du soir
compressé de longues heures de labeur au cœur de la nuit.


Idiot et sonné, je regarde les choses marcher
Parler, rigoler et frapper nos mains avec un archet
L'harmonie crisse sur ma bicyclette en étain
Je voudrais partir et le pire c'est que rien ne me retient.


Assis de longs moments sur les bancs
Je me demande où sont partis mes bons amis
Il y a de ça un bail, où les ai-je mis ?
Oubliés sous mon oreiller blanc ?


Des étoiles filantes à perte de vue
Traversent ce système solaire
Laissant tomber derrière leurs faux airs
Une vision de leur jeunesse à des années-lumières.


Au loin arrivent les bas-frocs, godasses en mélasse
L’œil noir et le dos obsidional, marchant en masse
Adagio ou presto selon l'heure et le temps
Canaille et fripouille progressent toujours en rang.


Les lions se sentent au bel âge
Parcourant les étendues de la fac
Ils se noient bêtement dans un lac
Croyant voir un mirage.


Quel courage soulève ces truites !
Remontant le cours de l'Yvette
A l'aide d'un lourd radeau en fuite
Lourd du poids de leurs fêtes.


Que peut-on dire enfin de l'étudiant moyen ?
Il n'a aucune fin, ses doigts longs et pointus
Se prolongent en ongles torsadés et têtus
Il ne sait rien faire et rêve de piocher le bien.


En somme, telle est sa Loi :
« Soif de leçons et de messie
Rassasié d'exercices je suis, ça va merci. »


Parviendra-t-il à survivre des mois
Dans sa petite pièce trouvée à terre
Longeant un couloir de la pension
L'Enfer est pavé de bonnes intentions
L'Université, de paumés sous tension.


III


Tous les animaux abondent
Quand sonne le cor de la marâtre
En troupeau vers l'Amphithéâtre
Formant sagement une ronde.


Il n'y aura pas d’exécution
Ni de combats de gladiateurs
Mais des luttes de radiateurs
Et de prises à induction.


La meute se chamaille
Pour partager le jus
Afin de nourrir la marmaille
Leurs petits portables à genoux.


Dans le tumulte des voix, dans la salle
S'élève le ton professoral
On le reconnaît sur son piédestal
Il ressemble à la Morale.


Oh le canon au fond de la classe
Plein de poudre et de vulgarité et de crasse
Tousse tout ton soûl tu en auras besoin
Si enfin une étincelle jaillit de tes mèches sans soins.


La marelle a été remplacée
Pas effacée, la craie gît sous les lacets
Par dessus un monticule de souffre
Les pauses-clopes sont des gouffres.


Les cours magistraux que sont-ils ?
De beaux avions sans ailes ni pilote
Ô ils s'élancent dans le vide inconsutile
Les élèves grimés ouvrent grand la glotte.


IV


L’atterrissage est terrible et peu y survivent
C'est un Vendredi d'Août où la plaie se fait vive
Les étudiants chargés de cernes, pointent
Vers le sol, le crash est imminent dans leurs plaintes !


Prenant à bout de force leurs stylos
Ils écrasent leurs mines sur le final
Les loopings sont vains dans le ciel haut
C'en est fini des images d’Épinal.


Un fracas éclate au loin, parmi les vaux
Cent vingt morts et deux naufragés sauvés
Titrent les panneaux devant l'abris des vélos
C'est la fin de l'année pour les veaux.


Ils reviendront le prochain coup
Ou ne reviendront pas, les professeurs
S'en moquent, les têtes se secouent
On retrouve l'ouïe pour les même erreurs...


Je voudrais boucler le cycle
Fermer la valise et envoyer valser
Tous ces revenants du cirque
Un aller sans retour, sans cellier.


Qu'ils ne jettent pas huit ans
De leur petite existence dans
Les modestes égouts de l'université
Des voies de sortie de l'enfance


Parfois je rêve de me saisir d'un tas de pelle
Et d'ensevelir le monde pêle-mêle...
Asmodée tient le guichet de la faculté
La jeunesse restera occultée...

Partager cet article
Repost0
16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 12:25

Le télescope ne trouve pas la Lune
Au bout de la nuit s'allongeant en rue
Une queue de reptile
Un œuf rayonnant nimbé de brouillard,
Pollen de lumière balance dans l'atmosphère son encens.


Cet aurore artificiel ne m'empêche pas de dormir
Les matins viennent, quand il le faut, percer l'abcès
Mes rêves, le plafond est bas sur nos chevelures
Les passants sont si plissés
Pareil à l'incessante fuite d'un cours d'eau dans un gouffre
Un navire à l'envers
Vogue dans la brume.


Je rêve encore de la fumée verte
Le nuage statique qui enrobait mes doutes
Sous le néon renvoyant les appels des anges perdus.


Le pinceau enfoncé dans la palette de bitume
Colorait l'horizon d'orange nébuleux
Les cimes montagneuses renfermaient un feu lointain
Sans chaleur ni brûlure.


Les feux de nuit préférant s'observer plutôt que follet
Répondent au lampadaire solitaire
Ma fenêtre est le tableau de ce clair-obscur de misère, de mystère
Mon corps allongé sur mon dos et mes os.
Selaphiel au-dessus de moi comme un ciel de lit
J’étreins la lumière.

Partager cet article
Repost0
16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 12:20

Les lilas c'est bien mignon le long des maisons
Lorsque le feu capturera l'âme du lieu
Un joli bouquet explosera pour les voisins
Tu seras déjà loin avec ta langueur le long des routes


Il arrive un âge dans la vie d'un homme
Où il choisit de se faire pousser
Un os dans le dos ou bien un cerveau
Un poteau ou une enclume


Quel imbécile géomètre, le compas comme couteau
Eut l'idée criminelle de tailler le monde par Dieu conçu
A la merci des Princes et des propriétaires de métaux ?
Qui a tranché ces barrières pour garde-massue ?


Dans les salons du Kremlin, tu rougis
Et pourquoi dis-je tu quand c'est nous tous
Qui nous cachons derrière nos uniformes rideaux
Au fond, sous nos chars, nous froissons nos frousses


Il n'y a aucun Tigre assis dans le cabinet
Même quand le secrétaire général y est
Rien ne nous lie aux terribles frontières
Qu'on lit le long des veines de la carte
D'où coulent des millions de voyageurs


Pourtant qui osera dire le monde est un
Les mers, des nœuds et les fleuves, des ponts ?
Pourtant qui proclamera l'union ?
Les Nations toujours ronchonneront la guerre


Il arrive dans la vie d'un homme même sage
Un âge d'exil, quittant les lilas, les gommes
Il est triste d'être ainsi loin de chez lui
Mais où est-ce ?
Ceci m’échappe comme la terre sous nos pieds


Après de longues îles de décalage
L'oubli fait des brasses dans nos têtes en noix de coco
A force de mentir, le bagnard est devenu mensonge

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 13:45

A l'ombre d'un secrétaire

Sur une chaise Voltaire

Un stylo-plume s'affaire

A rayer les mots qui l'effraient

Il maintient dans l'erreur

Et la Terreur

Il a perdu le sens de toute mesure

 

A l'ombre d'une pile de lettres

Sur le bord du Temps Tarn

L'encre efface l'être le mètre

Le fonctionnaire Léviathan

 

C'est l'escale du Vieux Guide

Où s'engouffrent les messages

Lorsqu'ils sont de passage pas sages

Ils les inspectent entre les fesses dere ridées

Syllabe après syllabe

Ses lunettes dorées

Ne voient pas le style agréable exécrable

Les espoirs des éplorés

 

Une main autour du couteau

Une main sur les yeux

Il est l'engrenage hideux

Le nécessaire écrou

Au système des insomniaques

 

Et tous les jours

Et tous les parjures

Le régime est sot et lar

Il censure ce qu'il y a de mauve dans nos essais

 

La réalité en suspens

Sous sa main de merde qui veille

Ce con damne aux dépens

En les privant de sommeil

 

Aime-t-il ce qu'il fait ?

Aime-t-il son chemin de fer ?

Il fait ce qu'il a pour défaut,

Il ne cause pas de méfaits

 

Lorsqu'il détruit une âme par le four

Il ne rougit pas toujours

Beaucoup de lettres trépassent

Comme pour les hommes c'est selon la race à pile ou face

 

Il connaît plein d'histoires qui l'empêche de dormir

Il imagine tout les corps en putfaction

Il est l'ombre de toutes les morgues mains

Dans l'estrade du génocide, on entend son sourire

 

Être le nègre noir secret

De milliers de souffre-douleurs

Il en parle leton enra

Son œil se voile de sa pupille de craie

 

A l'ombre d'un secrétaire

Sur une chaise Voltaire

Un stylo-plume s'affaire

A rayer de bonne guerre

Il maintient dans l'erreur

Et la Terreur

Il a perdu le sensde la blessure

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 13:45

 

Je plie toutes les lettres que l'on m'envoie

Ça fait un bon tas à brûler

Assis sur ma cheminée, j'espère qu'ils voient

La fumée pâle de papier et de promesse

 

Je renvoie tous les mots que je reçois

A des inconnus dont j'invente l'adresse

Ça file du travail au postier

 

J'imagine leurs têtes sous le porche

Quand ils trouvent ces pièces au fond de la boîte

Des enveloppes en liasse, perdues par leur propriétaire

Leurs visages mous en liesse et leurs cheveux lissés

Ils se demandent entre deux factures d’électricité

Débordant d'ennuis et de tracas, le fin mot de l'histoire

Qui peut être l’expéditeur et le destinataire

L'auteur et sa pensée

Le corps de la lettre est le corps du désiré

A qui l'on jette dans le vide des postes de ville

Son propre corps ancré à la cire et la signature

 

Ils épient, assis dans le calme jaune d'une cuisine,

Dans chaque mot laissé par une main

Heureuse, pressée, pleureuse, lassée, prêteuse, cassée

Le sens de chaque lettre versée

Pour la correspondance

 

Si nous étions sincères, la lettre serait plus lourde qu'une plume

Le service postal serait submergé

Les facteurs sur leurs bicyclettes n'atteindraient jamais nos portes

Les pigeons et les coucous voyageurs s'écraseraient dans le désert

Les lettres seraient bien trop alourdies par tout ce que nos cœurs voudraient dire

Et jamais personne ne recevrait de courrier.

 

Ce serait des colis au long-cours

Livrés par des catapultes

Ils atterriraient près de nous,

Délivrés du doute de ne pas être lues

(Les lettres sont sentimentales)

 

Je plie toutes les lettres que l'on m'envoie

Ça me fait trop mal de croire que ça n'est pas que du papier

Que du langage

Assis sur mon imprimante, j'espère que les messages égarés égaient ceux qui n'attendaient aucune nouvelle

 

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 13:43

 

Dans la rue de la nouveauté, courrait une antiquité

Elle était figée dans le marbre du martyr éthique.

La foule poursuivait le feu des préjugés et les tics

Des folles qui, à chaque supplice, priait les tiques.

 

Soixante-quinze coupées à Paris comme autant

De pourceaux qu'on abat pour le symbole du Temps :

Que le peuple sache qui est le plus pur, l’État

Macrocéphale ou les auréolés sans têtes !

 

A Carmes jusqu'en Anjou, les couvents furent vidés

Comme des caves et ce jour sanglant d'idées

La guillotine fut votre croix, bienheureux sans armes,

Comme Perrine, vous pérîtes pour la République !

Partager cet article
Repost0
16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 11:39

L'idée n'était pas de moi
Les noyaux je les ai tirés
Des mois et des mois durant
De nos conversations vaines
Je n'ai plus aucun émoi
Dans ma ligue perdue en une nuit
Une nuit de défaiter
Je ne possède pas ce collier d'étoiles
Dont se parents ceux qui réussissent
Toutes leurs nuits sans pareil
Toutes mes nuits sont des echecs
La matinée rappelle le goût du feutre
Mais ce goût est pasteurisé.
C'était une blague, elle n'était pas de moi
Je n'ai plus d'imagination
Elle vivait à bord de larges cygnes
Qui avaient des nénuphars pour ailes
Je les appelais des Rêves.
Ils ont sombré dans le petit bassin noir
Depuis qu'ai plié mon sommeil
En quatre rive circulaire
C'était pas la mère à boire
C'était le père.
Fut-ce une mauvaise blague ?
Ton visage s'est calqué sur ma nageoire.

Partager cet article
Repost0
16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 11:24

J'ai dévoré l'Aube picotant de son bec d'horizon
Ma fenêtre, seul accès vers l'envers de ma raison
J'ai perçé le ballon de lumière
Collé contre le plafond, ma griffe est rapière
J'ai edenté l'orbe narguant l'obscurité
Les restes ont renforcé mes pointes irritées.

 

Ô paysans et gourroux du pays
Vos sorts et vos fourches sont vaines
Je garde vos filles comme un tresor dans ma caverne
Les dragons ont changé, mais ils sont haïs.

 

Les loups que vous craigniez tant par le passé
Gisent à présent dans mon ventre, ils sont pas effacés
Ils alimentent la roue vorace de mes envies.

 

Mon courroux fait une echarpe de fourrure
Nul ne touchera, ne causera d'erraflure
Je me ligotte dans les steppes de flamme.

 

Mes yeux sont deux trous de serrure
Vous verrez au travers la mort la plus froide

Tout ce que j'approche craint la morsure
Je ne laisse que des ruines en jade.

 

Et tous ces êtres qui sont passés par moi
Pour rejoindre la Terre ou le Ciel
Ils continuent à vibrer contre les parrois
De ma peau-tambourin
Ils chuchotent dans mes reins
La complainte de Jonas
Des hullulements insensés
Et toutes ces légions sans race
Retournent vers le Créateur offensé

Par ma main de menace
Il fait alors tout recommencer
Et le monde danse sur la mer calme de l'Alcyon
Ecoutez grogner mon Coeur de Lion.

Partager cet article
Repost0

Qui Est Le Dangereux Malade Derrière Tout Ça ?

  • : Renard, Castor et Pollux
  • : Orphée est mort ; J'ai fermé sa porte.
  • Contact

Ctrl+F

Liens