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16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 12:48

« Je venu dans ce monde pour exercer mon jugement
afin que ceux qui ne voient pas, voient et que ceux
qui voient deviennent aveugles. »
Evangile selon Jean (9:39)

 

L'immense œil noctambule et les candélabres de papier se froissèrent
Comme se fanent les fleurs au son de nos bottes en caoutchouc


Nous avancions vers l'entrée des Catacombes
Le royaume d'Hadès et des tranquilles ténèbres
Ne se trouvent pas si loin qu'on ne le croit
Il est
Au centre de l'ancienne ville de la ville du stupre
Reine souillée qui renferme en son sein
Les tripes de son malheur le plus noir.


Une large entraille tire sur le sol argileux
Une longue langue de bois et de fer
Témoignage du dégoût de Paris pour son secret
Un tunnel vidé de ses trains cache son gosier
Une minuscule entaille.


Mes deux amis escaladent la muraille qui sépare
Le monde des rues et le monde des couloirs
Celui du bitume et celui de la boue.


Je les suis plein de crainte de plonger dans un océan d'où je ne pourrais pas remonter.
Nous nous immergeâmes dans le ventre incolore
Dans cette fente en marge des rails.
Les faibles lueurs de dentifrice des immeubles d'Alésia
La ville se taisait et sa bouche pleine d'omnibus
Crachait sa dernière alerte au loin
En un arc de cercle perdu à nos yeux
Déjà nageant dans l'aventure
Nous entrions de l'autre côté du télescope.


Et là
Le noir le plus complet
L'unité des morts et des vivants
La masse des choses confus dans l'absence de distance
Tout revient à son origine
Où il n'y avait nul frontière
Où nous étions dans le ventre de nos mères, dans le même corps qu'elle
On se demande
« Et si tout s'arrêtait par un clignement d’œil ? »
Mais l’œil ne cligne quand il n'existe pas.
Et la flamme éructant de la lampe de carbone muette
Souffle dans l'obscurité quelques mots que seul l'espace entend
Et tisse nos corps en une ellipse de calme
C'est redevenu, nous et le monde.


Seul dans le silence, nos jambes avancent
J'entends d’épatants étangs dans mon oreille
Et le battement du cœur urbain, le métro au réveil
Bousculant le souterrain.


Nous devenons de grands aveugles
Et nos yeux sont multiples autant que vides
Et tous nos rêves se projettent contre les parois
Comme autant de peintures rupestres.


Nous touchons la peau de Paris tatouée par les sans-rangs
On peut sentir leur sang
Celle que la capitale cache depuis deux siècles à recours de goudron
Une peau abrupte, une peau sincère
Toutes les formes la gomme et la phylactère, des blocs solides, de glissantes nappes ou des banquises.
Il n'y a que calcaire, on imagine le ciel dans la fumée
Mais on est bien seul dans le noir
Comme on l'est enfant dans un placard
Sauf que personne ne viendra vous chercher.
Aucune Lune, aucun regard pour vous juger
Les carrefours n'ont pas d'Hermès
N'importe où l'on va, il n'y aura rien qui vous attende.
Vous êtes juchés sur vous-même et votre limite
C'est votre voix. Elle disparaît progressivement
Ou bien s'incorpore aux silences et les signes
Que seul vous pouvez voir vous sauve du précipice.


Comment vieillir sans le temps qui passe ?
Les catacombes rendent-ils fol ou immortel ?
Les plaques des puits scellés sont des boucliers contre l’extérieur.


Nous plongeons toujours plus sombres, nous touchons le fond du bout des pieds
Pensant à peine revenir à la surface, nous sommes emplis d'oxygène volé aux passants d'ici-haut et nous
brûlerons jusqu'au matin comme nos lampes.


Salle après salle, les souvenirs laissés par l'avenir
Une canette de bière fait un bougeoir
Un cube sans piliers fait une table somptueuse
Et une dalle de couverture, un banc pour moine.
Et ces palais dans l'invisible réservent leurs tours
A notre imagination, des beautés soupçonnées.


Nous croisons le fanal d'autres éborgnés
Renvoyant dans le vide les appels d'une quête
Que les mains comprennent.


Nous découvrons appuyé contre de faux arbres de pierre
Nos vieux frères les ombres
Gigantesque dans leur royaume
Ce sont des hommes debout sans détails et sans ossature
Gardien des vastes couloirs qu'ils embrassent à l'envi
Je crois qu'ils s'en retournent aux Catacombes lorsque nos corps
Tombent dans la terre et le trépas, ils se faufilent un peu plus dans le tréfonds.


Entendrez-vous sous l'enveloppe des choses
La lanterne brune de Samaël
Chantonner et clapoter dans l'osmose
Faire enfin le portrait du Réel

 

Il vous dira de ses lèvres pourpres


« Vous n'êtes que la sève de la Lumière sévère
Se reflétant dans le Lethée millénaire
Tout est un petit mensonge sur une seule page


Comme vos rêves, le long desquels s'écoule ce fleuve-mirage
Vous êtes des boîtes à musique secrètes
Qui secrètent la plus belle Fugue
Lorsqu'elle s'ouvre au Ciel et aux Anges
Et que vos sens disparaissent d'intensité.


Un jour votre monde dormira ensemble
Et recouvrera l'originelle Cécité
La vraie Vision des choses au delà de ce qui semble
Vous jetterez vos nouvelles lumières sur le Songe Perpétuel.
Et vous vous mettrez à table avec le Père. »

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