Au fond d'un lac, à la croisée Des sentes nuageuses, la nymphe embrasée La pointe rouge du désir en guise de bouche Elle plisse le corps roux pour l'Ulysse rosé. Sa fontaine interdite jaillit d'eau Comme des soirées qu'elle parfume d'ivresse De joyaux...
Les voix vibraient aquatiques, Sillon des rames de métro L'ange Gabriel percute les sorties Étroites, toi, tu ricanes comme un couteau, Lame de fond ! Fin de page ! Coin du doigt brûlé, les tréfonds nagent Dans le pétrole en pétales L’ambroisie, quittez...
Quelle langueur déjà connue, cette langue mauve, La pâleur du Soleil eternel tangue Les vivants et les morts sonnent étranges Lorsque ta voix les prononce. C'est une fleur sur un corset, une ronce Sur le parquet du desuet appartement Jaune de tabac, les...
Comme une épave de lumière en pleine ascension vers le néant, Comme une larme luminescente surgissant dans l'océan, La pleine Lune argentée refléta l'orbe des savants Ces deux gouttes humides d'émotion fraîche et franche Poursuivent le tissu des années,...
Quel est ce geste primitif, rapide, risible Que de cacher l'ombre de la voix, le poids des os D'abattre ce qui est debout et resonnera, désolé, Au fond croupissant de nos coeurs assassins ? « Va-tu te taire, veau de malheur » crie-t-on Avec fureur et...
Las et ivre de vivre à continuer d'échauffer Ses pieds sur le goudron ingras il vit la rivière Roucoulante, n'en pouvant plus d'ouvrir les yeux Il coula son corps pour que l'âme joigne les flots De la crystalline rivière remuante de lumière. Comme un...
Je me souviens d'un désert, des berbères m'avaient demandé en chemin, leurs visages en énigme carrée, qui j'étais. Je crois que j'étais postier, je pilotais un avion qui ne pouvait atterrir. Mais c'était tout. Je ne savais plus quoi répondre, alors j'ai...
L'esprit hugéolien, en voilà une malédiction, Porté par des cieux essouflés, balayé par la voute Divine et d'un azur sombre de planètons et de soleils pour route, Mon viatique n'est qu'une voile troué pour diction. Aucune terre ne m'enchaîne à ses champs,...
Prélude aux Yeux Bleus « Être amoureux, c'est se créer une religion dont le dieu est faillible. » Neuf essais sur Dante, Jorge Luis Borges Ô l'adoration des lèvres suspendues les cheveux crinière de soleil aux longues rainures le souffle coupé par ce...
Je veux boire de longs baisers M'en faire un lac de luxure Où baigneront les joliesses sûres, L'oeil luisant des pires idées embrasées. De cela, je veux m'etouffer, ruelle Qui m'aspire, une nymphe de gel Yeux de chattes dans l'obscurité belle De voiles...
« Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? » Paul Verlaine The Hours aren't ours They own the men who are tied To the wheel that spins as the clock turns. The Hours are long to be lived Soft to be slept They disappear when begins the dream. The...
À présent que la senteur de christophines, Que la Vérité Absolue déplût L'errance peut bien recommencer, la rosée Peut bien emporter l'enfance en exil ! À présent que les fusils d'ébène Que la chanson guerrière ressent Le temps farouche et dual, l'aubaine...
J'ai été un marin, les terres, je les ai minées, Les mers, je les ai tirées hors des astres Oh la plaine écumante, oh le frêle esquif des matinées Oh l'étoile des sables, oh l'éclat des poissons volants ! Mes mains sur le gouvernail, le timonier indien...
Ô tu ne m'auras pas, vieille mer brune Dont le long corps violassé se courbant, s'allonge Et, furieusement, cesse d'être taciturne ! Tes longues dents d'écumes goulues me rongent, Les jambes assez salés pour appâter un géant, Tu gonfles ton dos pour mieux...
Le marin observe la mer La mer devore le marin L'un cherchant à s'enivrer, matin L'autre cherchant les défauts du père. Son œil bleu de gris glisse sur le bord Se perdant dans l'horizon miel Du coton bleu cousu sur le ciel Parsemé de filets d'or. Le plus...
Les avenues sont folles par les nuits d'été Un brasero luit dans l’œil des jeunes gens Ils vont, courent, volent, mais jamais nous vengent Pourquoi ai-je cru au mensonge des arrêtés ? Rien n'a d'importance lorsque le soleil meurt On n'est pas sérieux,...
Le mur de ma champre tapissé d'ombre Sera mon seul decor de tragedie écorché Je ne serai pas Horace, couronné d'ambre; Les theatres de mon esprit sont fauchés. Dites aux Dieux, dès maintenant, ô Messager Que depuis mon lit, prison douce des songes? Mon...
Diamant, ce jour-ci lustre Et tous ces gens illustres Qui me nargue à travers Leurs grandes proses et leurs vers. Rideaux de satin rouge De ce monde enflé qui bouge Me cachent en m'offrant l'ombre Berceau des damnés sous l'arbre. Ignoble poches qui m'aspirent...
En marchant vers l'ouest de la forêt à une centaines de mètres, se trouvait emprisonné dans une cage végétale et encerclé par les arbres, une bâtisse peinte d'un blanc criard qui étincelait dans l'ensemble vert, comme un peintre qui se serait trompé de...
La poussière crasseuse de suie vieillie Stagne sur le champ de bataille silencieux Où sont ces morts glorieuses qui mènent aux cieux ? Le tambour grave comme la tombe ensevelie Annonce le festin de la faucheuse. Un nuage gris glisse la fleur funeste entre...
Le ciel est si bleu Et la ville d'un gris profond ; Je pose mon œil porreux Qui amèrement se morfond Observant les portes délabrés Donnant sur le blême couloir Obscur de nos rêves oubliés, Des cicatrices noires, Infligés par le temps moqueur N'épargnant...
Acte I De la neige dru frondait vers le sol tombant comme des flèches et transperçant la ville dans un éclat blanc surgissant à travers la forêt sombre l'entourant. Le pont avait perdu son aspect pierreux pour n'être plus qu'un amas de fourrure blanche...
Les rues de son cœur sont pavés de roches ternes Les portes de son âme sont scellés et glaciales Son ombre bleutée est empli de vide spatial Le cynisme a tué le chat et la souris. Le masque qu'il porte n'est jamais vrai ni faux On y voit les tracés du...
Les corbeaux voltigèrent d'arbre en arbre dans un tonnerre effrayant. La neige retomba lourdement comme des pierres sur l'enfant. Tout fit bruit dans la forêt grondante. L'enfant regarda, malheureux, l'homme mort dans la neige fraîche, les mains tenant...
Le jour se leva péniblement, écrasé par la tonne de neige qui croulait sur son corps. Les fines lames de glaces se plantaient dans le sol, calmement, sans un bruit. Le soleil subsistait dans le ciel, mais il semblait plus froid et plus mort que d'habitude....