Qui est Josef Fritzl ? Vous vous posez sûrement actuellement la question, car, vous aussi avez oublié ce vieil autrichien qui a tant fait jaser en été 2008. Procureur ! Rappelez les faits !
Un petit homme au lunettes cerclés d'acier aussi ronde que son ventre s'avance et dit :
«-Oui, oui ! Monsieur Joseph Fritzl aurait, enfin, on peut dire «a» puisque la justice a rendu son jugement... Mais...
-Plus vite, procureur ! Hurle-je
-Donc, Joseph Fritzl est coupable, je dis bien coupable... !
-Avancez ! J'ai un article à faire !
-Mh, oui. Il est donc coupable d'avoir sequestré dans sa maison d'Amstetten en Autriche, sa fille, Elisabeth Fritzl durant 24 ans.
-Voilà. Vous pouvez disposer.
-Me..Merci !»
Le presque-nain fuit en trottinant avec ses petites jambes maladroitement.
Revenons-en à nos crimes. C'est donc, dans cette petite ville d'Autriche que personne n'aurait soupçonne que Regis Jauffret utilise comme décor pour son dernier roman : Claustria. L'auteur français reconnu de tous pour ces succès comme Microfictions ou Asiles de Fous nous scotche en reprenant l'Affaire Fritzl et en la décortiquant chirurgicalement. Son objectivité audacieuse fait enfin plaisir car chose la plus impossible au monde est bien de trouver un bon juge. Et Jauffret, nous laisse juger. Aucun filtre de subjectivité n'est utilisé, on nous montre, les faits seuls qui sont certes aberrants, mais aussi les antécédents de Fritzl qui sont laisse songeur et on pourrait même avoir «pitié» de l'être. Car, il n'est tout de même plus humain.
Jauffret arrive aussi à rajouter son pétillant humour noir qui aggrave encore plus l'angoisse lors de la lecture. Autant vous dire qe si l'Affaire vous a passionné, ce livre est pour vous. Mais, ce livre n'est pas seulement pour les fanatiques dérangés de crimes qui lisent Trauma mag et adorent le film Shining et American Psycho. Ce livre est un chef d’œuvre car à travers un style réaliste qui nous montre tout, Jauffret dépeint le réel, le vrai. Loin de ce que la publicité superficielle ou les séries naméricaines emplis de blondes plus tirés (des deux façons), tu meurs violemment frappé par un camion benne de 100 tonnes. Jauffret nous parle de la Vie, de la Mort, de la Folie et de la Liberté.
Jauffret ne parle pas que de Fritzl, mais d'une époque. Il ne parle pas que d'une séquestration, mais de la folie moderne. Il ne parle pas d'une affaire en particulier, il en prend une très «gratiné», pour parler de nous, parler de l'Humanité. C'est ce qui fait d'un livre, de la littérature. Ce n'est pas qu'une histoire chouette ou un sujet prenant, la littérature. C'est lire entre les lignes. Comme Jack London qui à travers Croc-Blanc, qui n'est pas que l'histoire d'un loup, parle de l'Homme à travers la vision d'un loup, Jauffret parle de l'homme et de la folie qu'une époque a engendré à travers une simple affaire de séquestration.
C'est ce qui fait de Claustria, un des livres de l'année 2012. Et je méprise le prix Renaudot qui fut donné à un roman comme «L'amour dure trous ans» qui-se-dit-être une critique du système des castes sociales, mais il n'en est rien.
Claustria est profond, Claustria vous etrangle, Claustria vous fait voyager dans l'horreur humaine, Claustria vous fait reflechir sur la condition de cette dernière. Claustria est de la Littérature.