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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 16:39

« L'année revient sur elle-même en

suivant ses propres traces. » Géorgiques, Virgile

 

ces yeux

bleu-gris-vert

gris-bleu-vert

vert-gris-bleu

comme des vagues

tu charmes la côte dorée

les violons se lèvent

un bruit de vent accompagne

 

cette chevelure

or

ocre

tout ce que l'on voudra

il y a là les racines du ciel

du monde entier

perçant est le son de ta beauté

approche-t-il de mon oreille berçée

que tout est devasté

par les flots de poseidon

 

les torrents emportent la terre

des passants voient la tempête de sable

comme une magnifique robe habillant le ciel

ou bien une tunique vanille

tu danses et ensevelis le monde

dans un large univers marin

 

ainsi le deluge les gouttes

brillent comme des âmes

je n'étais pas préparé à tes yeux

bleu lavande, gris de stupeur, vert de dupe

selon le temps et l'humeur

rien n'a commencé

tout pourtant doit se conclure

avec l'année

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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 23:27

Venez tous mes seigneurs

De toute la contrée, de tout vos royaumes,

Amenez vos chevaux, vos écuyers, vos heaumes.

L’Étendard se lève sur Brooklyn, il est bonne heur,

C'est toujours le cas pour les bonnes gens,

Dont le lit est prêt et propre, voilà qu'on vous borde !

Ce sont les humbles, les réduits, les épingles en horde,

Leurs doigts crasseux touchent à peine le satin et l'argent !

 

Venez tous mes Rois

De toutes vos richesses, de tout vos domaines

Ont fait l'étalage dans les gazettes et cohues humaines

Qu'est-ce donc ; Qu'avez-vous ?

Trois mille louis d'or et quelques écus, je l'avoue !

Gronde, gronde la foule paysanne

Et rien n'arrive, seul les nobles arrivent sur leurs ânes

Décorés de vague linge divin, ô le bel écuyer !

La croix disparaît, voilée par le gros prince

Il rote puis tombe ! La déconvenue à Reims,

Soudain, le carnaval appuyé

Par tous les fous du lopin, tourne autour du souverain,

Celui-ci n'arrive pas à poser les hauts-de-chausse

Sur le sol, Il se remue, malheur à qui le touchera, Il est divin !

Le peuple ivrogne et délirant se gausse !

Ainsi, le Numéro reste las, avec son honnêteté de bonhomme,

La tempérance le conserve dans le ridicule

Même le bon curé étouffe un rire endiablé, on somme

L'arrestation des malandrins, des Villon qui accule

Le bon Royaume de France, quelle disgrâce !

Encore le fameux Héritier, le bourbon dort pour de bon

Un écho infâme traverse la place du marché, c'est qu'il ronfle, le con !

 

Venez tous mes doges

L’élégante croupe, le beau parler que voici,

Montaigne vous aurait enseigné l'art du récit ?

Car tout vos discours ressemblent à des légendes des Vosges,

Ces drôles de chansons qu'hurlent les bergers par les monts

Mais, vous êtes, vous aussi, bien perchés, chers Créons !

Attention à la chute lorsque la tour du palais pivote !

Car être la lumière des bigotes

C'est un titre qui attise toutes les convoitises.

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 19:53

  Alors que le feu tarissait dans le campement, Jean regarda l'ombre de la nuit qui s'estompait. Cela signifiait beaucoup, cela signifiait que le cycle allait reprendre, que le Soleil allait poursuivre la décomposition des corps, que les obus allaient péter au levant, que d'autres allaient encore mourir, que le sommeil était plus agréable que la mort, mais portait les germes de celle-ci. Puis, il observa son camarade, Alphonse qui dormait, paisible, comme si la guerre n'était qu'un arrière-plan et que l'intrigue se déroulait autour des battements legers de son pouls et des vagues de son ventre, se soulevant, puis recruant. Alphonse était alors le miroir de ce qui attendait l'infanterie, tous les sacs de boue allongés sur la paille, endormis et ronflant. C'était la quiétude eternel du décès. L'absence le silence, mais la nuit elle-même succombait à la lueur du jour nouveau. Et lorsque la mort vient à mourir, l'horreur la remplace.

  Jean alluma une lanterne.

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 16:02

J'écoutais doucement, l'oreille posée contre les cloisons,

Les murmures de la réalité, les disputes du salon,

J'imaginais la pièce au-delà du mur de ma chambre

Les drames du rêves, les songes du nylon.

 

Mais je n'osais entrer dans le monde, où tout vivait,

J'effleurais la poignée et admirait les flaques de lumière

Qui filtraient sous la porte, c'était beau, réel,

Je dansais en te fantasmant, la fuyarde des nuits qui abandonna mon lit !

 

Tout se couvra d'une intense vapeur froide

Mêlée à la chaleur de mon attente frénétique.

Tournaient donc le plafond et les vagues fenêtres hermetiques !

 

C'était elle qui s'approchait à pas de velours et de jour,

C'était la plus belle qui porte toujours le mystère de l'eveil

C'est elle qui frappe à la porte pour que je vienne,

La Matinée.

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 16:10

« Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié 

Prit sa fronde, et, du coup, tua plus d'à moitié

La Volatile malheureuse, » Les Deux Pigeons, Jean de la Fontaine.

 

 Je me souviens de cette première visite qu'il me fit. À travers la fenêtre, je vis des taches sur le Soleil, reposa mes lunettes, me frotta nerveusement les yeux et recouvrant la vue, l'admira devant moi, entre la porte du bureau et mes casiers gris emplis de dépression et de larmes.

  D'une voix clémente, il me dit être Simon. Je lui dit bienvenue, l'invite à s'asseoir. Celui-ci se prostre sur le relatif confort de sa chaise. Il n'est pas encore sorti de l'enfance, cela se voit. Je remarque cette lueur qui continue de subsister dans le fond de l’œil. Une exclamation continue au monde qui s'offre. Soit il est idiot, soit il est contemplatif. Il ne bave pas, c'est qu'il est émerveillé par la saine joie des poètes.

  Il me regarde un moment, se vide de toute personnalité, prenant soudain la tenue du patient, pâle, livide, chauve et les yeux roulants. Puis, il reprend l'été complet de sa fougue et m'adresse la raison de sa visite. En tant que M'ssieur le pédopsychiatre, je me devais de l'aider dans ses problèmes familiaux. Son air était mal assuré, et tout se contractait contre lui. Les mains tremblaient pour faire cesser la langue balbutiante, le front dansait pour endormir les yeux. Et le plus fort, c'était la stupide audace qu'il prenait à parler fort dans le bureau écrasant. Isolé, il faut hurler pour prendre de l'importance. Cas d'école.

  Je rabats à ce moment mes dossiers, pose l'encrier sur le coin opposé de la table de frêne. J'observe le papier peint derrière lui, il est vert-cendre avec des motifs de paons. Quoi de plus oppressant ? Quoi de plus parfait ? Ainsi, je commençais l’intéressante enquête.

  « Quelles sont vos problèmes ? Listez-les donc, par degré d'importance. » lui dis-je avec froideur. Il tombe dans sa psyché, et édicte les malheurs d'une jeunesse bafouée. Son père le considère inférieur car l'enfant ne répond pas à ses exigences. Le fils indigne n'est pas un mathématicien génial ou un athlète beau et vertueux. Classique. Un point plus intéressant se porte sur la sœur absente. Celle-ci aurait, selon mon invité, trois ans de plus et manque à son rôle de guide. Toujours batifolante, elle est à la maison sans vraiment y être, discute avec ses amies au téléphone, joue du piano sans se soucier le moins du monde du reste du foyer. Elle ne donne pas une stable perspective du futur. Que deviendra-t-il ? La sœur est en transition. C'est certain. Simon – oui, c'est cela – a peur. Il a peur d'entrer dans l'adolescence, phase où sa sœur s'est perdue, changeant radicalement de caractère. Le rapport temporel est brisé. La bonne fille était joviale, simple comme notre débonnaire Simon. Il s'en rappelle, enfin, sa nostalgie lui dit qu'ils jouaient ensemble tant et tant. Les liens étaient forts.

  Le lien n'existe plus, Simon est faible de ne pouvoir comprendre ces changements. Elle s’émancipe et « Qui serai-je ? Qui sortira le chien ? » pense-t-il.

  Rien de bien folichon, nous devrions pouvoir purger ce souci, cette absence sororale. Il continue l'effroyable table des lois, mais pour qu'il ne prenne pas trop d'assurance dans cette conversation le poussant jusqu'à mentir, je me détourne de lui. J'observe, taciturne, les immeubles en chantier au bout de l'avenue. Il est déconcerté, je n'ai pas l'air de l'écouter. Bonne impression.

  Nous revenons sur le père. Simon théorise. J'écoute, distrait. Le Père serait le coupable dans le tribunal imaginaire présidé par Simon, c'est lui qui a tout fait changer. Il est coupable des évolutions incompréhensibles que subit la famille ! Il a enlevé la sœur de onze ans, pour la remplacer par une étrangère, une grande sotte de quinze ans, ruminant son solfège. Ce Saturne en puissance mange le temps, empêche tout amusement. Il fait mine d'être gentil roi. Il ne donne pas les clés du palais dit l'enfant. J’interromps tout de suite : « Que cache donc ton père ? »

  Il se tait. L’œil brille comme un caillou dans un creux. Je pose l'encrier à mon flan. Il déplie les jambes. Je vois, Simon se libère, tactique imparable. Le morveux crache sur le Père et devient révolutionnaire lorsqu'il est hors du royaume familial.

« Qui est dans le palais ? » répété-je. Rien n'y fait. Il est tard, j'avise ma montre et peut le déclarer.

« La séance est finie, Simon. Tu reviendras la semaine prochaine, dis ? »

 

  Il revint, comme conclu, chaque semaine, Parfois muselé, parfois déchaîné, toujours prisonnier. En lui, je vis une flamme grandir de séances en séances. Je commençais à prendre des notes, pour marquer les évolutions. Je connaissais la situation initiale, chaque détail cursif comptait. En me parlant de toute cette vie, cette vie de batelier ivre d'ennui, se dessinait de fait sous mes yeux, un roman bourgeois.

  Simon pose comme thèse que son problème est l'instabilité de son foyer. Qu'il est loin du compte ! Son imaginaire est coulé, ses jouets sont identiques, c'est la morgue de l’unicité qui le guette. Comment endurer des heures qui n'en sont plus ? Un languissant passage, du soleil coulissant sur le ciel qu'on voit à peine, les yeux sombrant de fatigue et de paresse. Il s'ennuie ! J'essaie d'expliquer mon analyse à Simon.

Il ne comprend pas.

  Les notes s'empilent, comme une Tour de Babel prête à s’éparpiller dans l'étroite salle aux quatre coins du tapis Louis XV. Les semaines passent, cet enfant est d'une fascinante monotonie. Ses petits gestes de futur commerçant captent mon attention qui jadis, lors des fins d'après-midi, virevoltait avec l'activité des passants. Le petit était triste de ne pouvoir aider la Mère. Cette protagoniste revenait d'ailleurs de plus en pus souvent, ça et la chasse aux papillons étaient les grands thèmes de son épopée chétive.

  Qu'elle était douce, qu'elle était angélique, sous des traits maternels de sainte. Sa prestance était celle d'un nuage, elle s’éparpillait en bonbons sucrés dans la gorge de Simon qui fantasmait absolument. Il devenait d'ailleurs, étrangement sensuel et à-propos. Sa Sœur devint méchante fille, le Père se fourchue en satyreaccaparant la Mère en sucre de chair. Toute cette mythologie familiale créait une vision centrée activement sur Simon. L'univers spatial semblait dédié à lui. Rien d’étonnant, entrant dans la phase égoïste de l'enfance, ses fantasmes le rendent prophète d'un monde qui soit le comprend, soit lui nuit. Il fait la morale et pleure lorsqu'on lui enlève la sucette si délicieuse qu'il a dans la bouche, la Mère. Alors que le Père est une figure juste, dure et cassante, un tyran désespéré et quand bien même, bon. Mais quel enfant aimerait une figure stoïque de marbre souhaitant votre bien et non pas votre plaisir ?

  Je propose à Simon d'aider un peu plus la Sœur et le Père tout en laissant la Mère tranquille. Il me parle de chasse aux papillons pour toute réponse.

  Ces résistances futiles me lassèrent, il devait me répondre ! Comment le sauver en ces conditions ? Je le fixais des yeux, à présent. Mes réponses étaient plus présentes, j'orientais l'enquête et l'analyse. Mais cette implication m'a amené à une erreur fatale : J'étais bien trop proche du patient.

  Une semaine, il ne vint pas à la visite. J'écoutais dans le silence du froid cabinet baigné dans ma solitude et le mois de Septembre, les bruits provenant de l'escalier. Quel affront ! Il m'abandonne, comme ça, alors que nous avions convenu cette visite. J'étais ainsi, comme lui aux prémices, hurlant dans mon crâne et replié sur moi. Où était-il ? Qu'allai-je faire de ce temps fuyant ? C'était mon rendez-vous fétiche. Les autres patients me semblaient soudain fort loin. Leurs dossiers étaient à l'autre bout du bureau, sur le fauteuil où attendent les parents apportant la garnison à traiter. Celui de Simon était le plus garni, il était temps d'en finir. De finir cette enfance qui atteignait enfin la phase génitale. Entouré par des songes déontologiques, je me demandais qui crée qui au final ? Étais-je en train de transformer Simon en jeune homme ? Ou alors Simon faisait-il de moi un pédopsychiatre et que je n'étais plus rien sans lui ? J'envisageais l’échec. Mais quel échec ? C'est mon cas le moins intéressant, et pourtant celui qui accapare tout mon temps présent.

  Pourquoi ? D'ailleurs je n'ai jamais vu aucun de ses parents. Il est venu, seul avec ses problèmes de ménagère. Il s'est refermé sur moi, le cabinet est devenu Simon.

 

  Il ne manqua pas l’entrevue suivante. Je ne fis aucune remarque sur la séance ratée. Au contraire, je lui offrais un discret sourire et un verre d'eau frais. C'était la dernière fois qu'il serait enfant. Je mâche du tabac lentement en l'observant, tandis qu'il déblatère l'histoire des souffrances de son pancréas, son foie ou ses pieds.

  Je lève le doigt au niveau de son visage et émet une hypothèse : « Ton père, n'est-il pas une entrave ? » Simon répond que oui, tout de même, il n'est pas tout le temps sympathique avec lui. Je lui prends la main. « Ne serait-il pas temps, à ton âge, de devenir quelqu'un ? Tu as bientôt treize ans. A ton âge, on se lève seul le matin, on ne se fait pas border par son père le soir... N'est-il pas en trop ? »

  Le feu crépite en lui. Un feu de joie et de rage. Je tente de calmer l'extension de haine qui jaillit de l'être en fusion qui ne laisse échapper aucune émotion de ses mimiques, mais montre toute sa pleine passion découlant de ses regards. « Ton père, tu en as souvent parlé, tu l'aimes bien, non ? » Simon secoue la tête pour dire oui. « Mais pas assez pour le laisser détruire ta liberté... ? » Simon acquiesce avec une frénésie abyssale. D'où peut sortir ce feu intérieur ? Simon était si flasque, jadis. Ce petit garçon timide à marinière, ce doux troglodyte enfoui dans des rêves bénins, a mangé l'oiseau et est devenu lion. Regardez ce large molosse. Je lui jette enfin l'os désiré.

  « Il faut tuer le père, Simon. Enfin, je veux dire par là qu'il faut le ramener à son rôle d'être humain normal. Il n'est plus un maître, un fameux chef de tribu. Affirme-toi. » J'avais dit ce que son univers entier murmurait sans oser le dire. Nous nous regardâmes d'une fascination mutuelle. Il souriait, assuré et intelligent. Il n'avait plus peur de quoi que ce soit, un feu n'a pas peur de l'eau, il embrase l'eau-même. Je n'ai plus rien à faire, il a tout compris, tout intégré. J'ai lancé, de mes mains froides, de mon encre mordante et de mes mots plats, une belle et étrange entreprise.

« Merci. » dit-il en quittant le cabinet. Assommé, je m'endors sur le fauteuil des parents-patients.

 

 Observer un être de loin, c'est comme ouvrir un livre, commencer un roman. Ses traits se précisent, et l'on découvre. Qu'est-ce qu'on découvre ? Une journée, un jolie histoire qui commence à l'aurore et finit formidablement crépusculaire. Tout homme a une histoire, une âme est un livre dont on se délecte. Je n'aime pas les autodafés. Et pourtant. Pourtant, il y a eu ce feu. Ce feu qui m'ornait comme une couronne de crime.

  Je me souviens de la première visite que je lui fis. Une drôle d'intrigue m'avait mené dans cet immeuble minable des mauvais quartiers de St Saint-Pétersbourg. Je me sentais mal, j'étais un jeune enfant troublé par des ricochets dans mon existence. C'était pour rire. Mais jamais rien n'est fait pour rire.

  En pénétrant dans l'antre de cire et de mots, je perçois l'homme que j'avais conçu. Il était sec, habillé d'un large manteau pourpre et blanc à écharpe grecque, le pauvre pédopsychiatre, travaillant dans la Komsomolskaia, autant dire son tombeau qu'il creusait lui-même, triste comme une pluie d'été. A travers ses verres sombres, il me regarde sans bruit. Ses verres sont cerclés d'or et renferment de petits yeux inhumains. La pupille est réduite à un œil large et rougeoyant. Je lui dis être Simon. Ainsi commence la fin.

  Est-il besoin de revenir sur les suites de « séances » millimétré par ses doigts de professeur, monstre pédant et noir ? Cette corneille qui sur sa branche, ce bureau miteux jalonnée de soi, d'écrits, de crachats, me mord avant même ma mort, est-il besoin de la présenter ? Vous connaissez déjà toute l'histoire.

  L'apprentissage du jeune homme par l’intermédiaire du vieux sage. C'est connu, un Conte tellement ancré dans notre culture. Dans notre histoire, l'Auguste a un masque de dupe, le contre-pitre est trop fou pour la farce. Je suis Simon, poupée qu'il croyait pouvoir pincer ou caresser selon son bon plaisir. Ainsi finissait le début.

 

 Tuer le père. Tel était la leçon du pédagogue écrasé par les plafonds de son front et de sa raideur. La semaine suivant ce conseil fatidique, j'entrais dans son bureau, il me croyait changé. Je l'étais comme un mouton qui a abattu un aigle. Le tremblant et vétuste vieillard me regarde toujours à travers ses montures relevées.

  « As-tu appliqué mes conseils, Simon ? » dit-il se levant pour m'acclamer et se congratuler. Je regarde par la fenêtre avec une moue pour toute réponse. Il fait le chœur œdipien : « Jeune Simon, c'est inutile de venir si c'est pour ne rien dire ! Autant rester chez toi. » Le sarcasme de trop.

  D'un fracas colossale, je renverse la table de frêne qui s'écroule sur le vieil homme entraîné par le tumulte. Roulant sur son corps, écrasant ses os moisis et lassés, il gémit « Tu es devenu fou ? » Je suis devenu libre. Dans un magnifique tourbillon éclatant, j'écrase le lustre comme une flèche massive sur son crâne, il saigne d'un seul coup. Ruisselle de la colline ridée, un fleuve délicieux. Rougeoyante, l'écarlate malédiction était la plus belle chose que j'avais vue. Elle couvrait soudain ses yeux, devenant d'invisibles globes. C'était plus beau que ces belles robes pontificales peintes par les les grands hommes du Quattrocento. C'était plus vrai que les nobles couleurs du drapeau.

  Quelle vivacité me dis-je soudain ! Quelle force ! D'où vient-elle ? Sans poignard, j'avais ensanglanté le sphinx qui s'est jeté hors de sa belle hauteur. La haine m'avait mené, et mes bras s'apparentaient à une hache. Je me vis, comme un sycophante montre du doigt le voleur de pommes, dans le reflets de ses verres. J'étais laid et grandiose. Je respirais très fort, comme un vent traversant la montagne, apportant la folie. Mon ventre gonflait, puis se retirait, une vague terrifiante. Était-il mort, d'ailleurs, lui ?

  Je m'approche du reste d'humanité, cette peau maigre et osseuse éclatée sur le parquet, rien n'en ressort, pas de marées, pas d'aquilon. Seulement une lente procession de son souffle exténuant « Pour vous, ô enfants, si vous pouviez me comprendre je vous donnerais de nombreux conseils ; mais, du moins, je ferai ce vœu que, là où vous vivrez, vous jouissiez d’une meilleure destinée que celle du père qui vous a engendrées ! »

 Dans l'agonie entourée des mouches et des bruits des fumeurs en contre-bas de l'immeuble, je quitte la scène. Je suis bien plus libre, je me sens bien plus libre. Les serres ne peuvent plus me prendre. Le cabinet est fermé, moi seul en ai la clé. Je la jette dans les égouts. Je descends, la figure morne et sans passions, les escaliers humide, recouverts d'inscriptions. Des marques indélébiles. Je suis plus libre, mais mes ailes ne sont-elles pas tachées ? 

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 16:05

« Comment oser parler des lois du hasard ?

Le hasard n'est-il pas l'antithèse de toute loi ?

La probabilité est opposée à la certitude ; c'est donc ce

qu'on ignore et, par conséquent semble-t-il, ce qu'on ne

saurait calculer. »Henri Poincaré, Calcul des Probabilités.

 

  A la lueur du premier rayon de soleil, Lucie se lève. Lentement, elle décrasse ses yeux encore pris dans la poussière de ses rêves s’épuisant en une vapeur nouvelle qui nourrira le jour. Agrippant ses lunettes, elle les pose sur son nez fin et courbé surmonté de tâches de rousseur discrètes. Le long de son réveil tendu et déambulant, elle passe de la chambre, à la cuisine, puis de la cuisine à la terrasse où elle fume la première cigarette du matin, symbole d'une existence libre. Chaque bouffée est un choix, un plaisir recherché. Elle inspecte les volutes s'extirpant de son corps et s'enfuyant dans l'univers, comme le temps des ses vingt ans qui lui échappe. Jetant le mégot dans l'herbe de son jardin, sanctuaire d'ennui, elle se détourne vers le miroir. Lucie, tu étais plus belle jadis. On te disait comme ça, que tu ressemblais à Grace Kelly, en plus basique. Enfin, c'est ce qu'on lui rapportait. Peut être des flatteries. Et si, elle avait perdu sa jeunesse dans de fragiles amusements ? Elle contemple les bords rouges comme des autoroutes sanguinaires, de son œil, il renferme l'Enfer d'une existence qui se consume. Ses cheveux palissent et prennent la couleur de la cendre. Il est huit heures, elle sait déjà qu'elle est cette clope dans l'herbe, déjà consommée, prête à être écrasée par un maladroit qui passe, comme ça.

  Un klaxonnement éclate à travers la rue, Lucie accordé à l'ignoble symphonie, se brise en un sanglot. Se rabaissant comme une chienne à qui l'on enlève ses gosses abattus par un chasseur maladroit, une constellation s'effondre dans ses yeux, les larmes tombent comme du purin des tours médiévales, et s’écrasent sur rien. Ses malheurs forment un tas de fiente sur le vide de ses espérances perdus. Tout glissait alors, paresseusement, dans le siphon de ses mains dont les taches de tabac faisaient des abysses poreuses. Fonçant à l'offensive, elle agrippe une bouteille de whisky, qu'elle avale en gargouillant ses pleurs, comme un soldat qui ingurgite le sang qu'il vient de cracher. Tout cela, c'est pour tenir la journée, affronter le Soleil aveuglant. Qu'est-ce qu'elle va foutre aujourd'hui ? Chercher des petits boulots qui sont comme des crachats à la figure qu'on remercie, regarder des masses qui lui ressemblent par la laideur et le passéisme, des hordes de défaits comme des troupes revenants incessamment d'une bataille qu'ils ne peuvent emporter. Sa vie n'était que cette longue guerre dont on ne voyait l'horizon sinon des corps brûlant et sanguinolent accrochés à des barbelés, comme autant de Passion du Christ.

  D'un mouvement de crâne, elle se relève, et décidée, condamnée devant son bourreau, quitte la masure. Le mouvement de la rue l'actionne comme un pantin, elle suit mollement les avenues, un pas devant l'autre, clopin-clopant. Enfin, elle avance, c'est déjà impressionnant. Lucie traverse alors la rue comme une championne, mais personne ne le voyait, affairés à des voies de traverses ou à des vitrines, personne ne remarquait le courage de cette héroïne qui bravait sa morgue, qui vivait malgré tout. Pignon après pignon, vendeurs de babiole après mendiant, comment ne pas être impressionné par une telle ascension, cette torche qui illumine les faubourgs si gris comme des visages de vieilles femmes, d'un espoir si grand. Quelle joie ! Quelle furie victorieuse ! La mélancolie fuit, son étendard déchiré, Lucie pleure, le visage en feu, les passants ne voient pas Jeanne d'Arc, il voit une bergère un peu dépassée. Soudain, elle traverse la rue, sans trop regarder pris par sa gloire de maréchal revenant du pays conquis, elle a été percutée par un type qui allait trop vite. Il n'aurait pas dû faire ça, mais quand bien même c'est arrivé. Elle aurait pu s'en sortir, pourtant oncques soin ne la sauva.

  Frustrant, n'est-ce pas ? Consolez-vous donc sur le coté très cliché de cette fiction. Oui, c'est très surfait, très fataliste, on se doutait dès le départ que l'issue serait morbide. De toutes façons, l'auteur est connu pour ça, c'est un dingue d'histoires pas drôles, y'a pas de hasard, ç'allait être ça ! Paf, mourrue ! Écrasée ! Les mots sont noirs sur rouge sur blanc, sa vie n'a été que tristesse, elle s'en sort et enfin, elle meurt. La morale qui ricane jaune ! Patatras ! Vroum boum ! Vous avez été pris dans cette lutte émotionnel : vous tournez la page et le paragraphe se termine sur le terrible décès du personnage. Après ça, on a envie de couper le moteur et d'arrêter la lecture ! Puis, c'est presque inutile, cette fin-là ! A quoi ça sert de la faire mourir ? Attrister chacun ? Faire monter les ventes d’antidépresseurs ? Franchement, c'eut pu se passer autrement.

  Déjà, il aurait pu neiger. Tant et tant, que la ville recouverte de cette couche grasse, serait infranchissable, un sanctuaire de paix. Lucie, ne changeons pas un acte aussi humain, se lève. Elle ne voit pas le soleil et s'en étonne, puis sourit face à la fenêtre donnant sur le royaume magnifique de blancheur noble. Même, ce qu'elle faisait rarement, rit de bon cœur devant la féerie matinale. Tout du moins, elle constate qu'elle ne peut aller travailler dans ces conditions, or, cela tombe bien, elle est fatiguée et s’écrase en arrière sur le lit rejoignant ses songes les plus merveilleux.

  Merveilleux, idyllique, cette description n'émane que d'un changement de variable. Et d'une nouvelle approche de Lucie, bien sûr. Elle eût pu tout à fait, geindre face à la neige et s'efforcer de se rendre au larbin, s’érodant encore plus dans un quotidien hideux. Puis, il n'est même pas besoin de modifier de larges éléments comme les cieux pour changer le cours morose des choses.

  En effet, rejouons le prologue. Lucie change son comportement durant ses études. Ses cheveux dansant avec la blondeur des journées d'étude à l'université, elle ne s'abandonne pas aux bras de la frivolité. Chaque heure, attentivement, elle se dédie à ses cours de Droit, rabâche les mots de ses professeurs. Comme de chauds cantiques, ses lèvres incanes psalmodiaient ses cours sur le droit des gens, le contrat social ou le Leviathan de Hobbes. Sorcière des savoirs, érudit simple et joviale, tous ses camarades la respectaient par son élocution peu pédante et pourtant assurée. Elle réussit à atteindre sa Licence et l'assemblée de ses amis l'écoutait parler du code civil comme d'une fable fascinante engageant batailles et honneur, dragons et magie, une liturgie partagée par la réunion d'étudiants, se renouvelant sans cesse de jeunesse innocente. Lorsque Lucie s'exprimait, à l'inverse de ses professeurs, il n'y avait pas de ride dans le Verbe, le mot était souple, la punition sauvait sans punir les malheureux. Ô que la Justice était belle et s'exprimait dans le corps pur de Lucie, qui s’épanouissait à travers l'université.

  Impliquée dans la communauté estudiantine, elle s’éloigna bien vite des cercles des mauvais garçons, et comme tous ces saints n'eut même pas à résister à la Tentation tant elle était déjà sauvée. Qu'elle était divine, dans sa rigueur savante de jeune avocate, son iris était saupoudrée d'un bleu de lavande, et elle riait, riait dans un écho où l'on entendait aucune détresse ou dédain. Enfin, arrivée au terme de son apprentissage, elle devint ce qu'elle admirait silencieusement, magistrate. Et ne connut plus aucune infortune.

  D'aucun dira de ce virage, « Beau conte, pieux mensonge ». Quelle folie de transposer ainsi, un lien entre moralité et succès social, comme si le bonheur allait de mise avec l'éducation bourgeoise ! Oui, Mr. Pasolini, mon uchronie – holà, ouvrez vos dictionnaires fumants, sortez les définitions des cavités de ces pages ! – sent le faisandée, l'utopie pour ne rien conclure. C'est un cas comme ça, tout aurait pu se passer différemment, est-ce que les effets ne dépendent que d'une cause unique ? Ou d'une multitude d’éléments entremêlés qui rend pernicieux ce jeu de divination « Et si ?... » J'avoue, je suis coupable de fantasmer sur le futur et sur le conditionnel. Sur le vieux livre que le pédagogue me tend, je ne devrais qu'admirer les magnifiques temps du passé, celui des faits certains et érigés. Le temps des Platon, des Pascal ou des Alain. Il se perd celui qui déambule dans le champs des possibles et des futurs, le sorcier qui croit voir le fil de ce qui va arriver et ne tombe que sur un point de fuite ! Inutile de refaire l'Histoire, enfin, la fiction. Mais, au fond, le hasard n'est-il pas un prétexte à exercer son style ?

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 16:02

  Aussi loin que nous remontons, nous imaginons toujours nos bisaïeux jouer aux jeux de hasard, tant cela semble tenir à la nature humaine même. En effet, on ne peut donner exactement la naissance et les prémices de cette pratique, étrangement irraisonnée devant les autres actes habituels des premiers civilisés. Devant l'effort humain, nous aurions pu croire qu'il se fut détaché de l'instinct animal et détourné de toutes ces histoires peu assurées de chance et de sort.

  Il y a pourtant une raison simple à la popularité de ces jeux par rapport à d'autres comme la guerre, les jeux de plateaux ou les jeux d'adresse. C'est qu'ils ne demandent que peu de matériel et point de compétence. C'est bien la première chose qu'on trouve à faire, crée un événement dont on tente de deviner l'issue, nous le faisons tous les jours, sans vraiment jouer. Alors, aux heures de loisirs, nos ancêtres ne s'en privaient pas. En Antiquité, les Egyptiens appréciaient tous particulièrement des jeux comme le senet, ancêtre de la marelle, ils n'avaient besoin que d'un terrain peint et d'une coquille, ou les dés répandus en Chine, pays féru de tels amusements, et en l'Empire Romain. On imagine aisément les gallo-romains, dans les belles cités de Provence, écouler leurs jours en jetant ces bêtes instruments qui révélaient la volonté des Dieux. Car n'oublions pas que hasard rime avec destinée en ces temps-là, jusqu'à la christianisation du monde. En Grèce, il y avait foule pour obtenir les réponses d'Oracle comme celui de Delphes. On conte qu'Auguste usait du hasard et donc de la loterie, dont l'origine est obscure, pour nommer les magistrats de l'Empire. Cela nous éloigne et nous rapproche du sujet. De fait, les joueurs ne voyaient pas dans la loterie, un simple résultat sorti de nulle part. Une divinité parlait, et jouer était tout à fait raisonné pour un croyant. De nombreux passages de la Bible évoque l'usage des jeux de hasard pour choisir divers éléments, comme un bouc à sacrifier, une femme qu'on donne ou qu'on enlève.

  D'où la prospérité des loteries, dans l'Arabie préislamique, qui n'ont été interdites que par l'impulsion du Coran. Le dogme dénonçait l'aspect licencieux de telles pratiques qui menaient à l'oisiveté ou la cupidité, car des biens étaient mis en jeu. Pis, elles divisaient la communauté, c'était bien triste de voir les fidèles se battre autour de décisions divines, se détournant d'Allah. D'ailleurs, l’Église romaine, elle aussi, verra toujours d'un mauvais œil ces loteries employant, a fortiori, de l'argent ! Ce qui est contraire aux paroles du prophète. Nous voyons donc bien une brisure apparente entre paganisme, soutenant les jeux de hasard qui témoignent de la volonté de Dieux proches et présents en chaque chose, et religions dogmatiques, laissant une large place à l'âme et au libre arbitre. Jouer aux jeux de hasard, c'est amusant, mais quelque peu offensant envers Dieu.

  Outre la loterie, les jeux de cartes se développent très bien en Chine dès le IXème siècle et seront acceptés par chaque dynastie. Le jeu sera transmis aux européens qui l’intégreront tout-de-go. Ces jeux de hasard, lors du Moyen-Âge, resteront tournés vers la concupiscence et les amusements d'ici-bas. Il faut bien s'occuper les longues nuits d'hiver lorsque tous les voisins sont morts de la Peste. La Cour créera nombre de jeux auxquels nous jouons toujours, comme le « Trente et Un ». Mais ce ne sera qu'au XVème siècle que les loteries connaissent leur âge d'or. L’Europe est parcouru par des tas de salles où l'on joue à la loterij en Hollande, la lottery en Angleterre, aux loterias en Espagne ou au lotto en Italie. La première Union Européenne ! Enfin, là, ce n'est que du beurre, comme on dit ! Ce jeu reste aristocrate et ne concerne pas le vulgaire. N'étant au départ qu'un moyen de rassembler la noblesse autour d'une même coutume, la loterie va éveiller en certains des réflexions scientifiques ou lucratives.

  Aujourd'hui, on dit souvent que c'est Blaise Pascal l'inventeur de la loterie moderne, ce n'est pas tout à fait exact, sans être faux. Certainement, il a révolutionné la sciences des calculs de probabilités en résolvant le « Problèmes des partis ». Cette solution géniale déverrouille cette partie des mathématiques, ce qui causera à ce Solitaire d'être mal vu de l’Église, car le seul but de cette science résidait dans l'art de faire le malin à deviner parfaitement ce qui va se passer. La curée n’apprécia pas cette façon un peu cavalière de pénétrer ouvertement les voies du Seigneur. Ainsi, les hommes en jouant vont tenter de savoir ce qui va se passer, tenter des stratégies contre l'aléatoire ce qu'illustrera Novalis avec sa sentence « Jouer, c'est expérimenter le hasard. » Ce qui est une première, dans les jeux de hasard. Aux cartes, c'est de même, plutôt que s'abattre au sort comme si tout était tragédie, on prépare ses coups, on réfléchit à sa tactique. Des jeux comme le whist, se rependant lors de la Révolution Française,garderont un aspect hasardeux mais prendront une dimension réflexive.

  Enfin, à travers les cahots de l'histoire, nous en arrivons à la forme moderne des jeux de hasard, la facette lucrative. Nos gentilshommes vont, à partir du Siècle des Lumières – comme c'est étonnant ! – essayer de générer du profit à partir de ces boules et ces roues. Tout autant en tenant une loterie, qu'en participant. Des chroniqueurs rapportent, comme aujourd'hui Michel Delon dans « Diderot, cul par-dessus tête ») que Diderot se serait enrichit abondamment grâce à une faille dans une loterie locale, et qu'il en aurait tiré une vraie fortune. Une éthique parfaite pour un écrivain de la liberté, pardon, de la liberté de prospérer. Avec le temps, les États-Unis connaissent aussi la beauté du sort, grâce aux machines à sous qui, venu après la loterie, ont la chance de plaire aux masses. Jusqu'à nos jours, les jeux de hasard auront eu la félicité de connaître peu d'interdits, si ce n'est moraux, de la part de l’Église et de certains États qui n'aimaient pas voir le peuple se perdre dans de tels manipulations. Le XIXème siècle sera dans les actes, un temps de pause pour la loterie, interdite en 1836 en France. Mais que voulez-vous, on n’apprécie pas toujours à sa juste valeur les jetons qui ruinent ou sauvent les vies.

  Je le constate, amèrement, les jeux de hasard ne sont plus une fête, un banquet où l'on rit de la fortune pour une heure ou deux, où la mort n'est que l'autre face de la pièce, où l'on peut tricher au destin. Ils sont devenus une froide réunion de riches menteurs et de pauvres débraillés, qui n'y voit qu'un moyen de contourner les voies habituelles de la Fortune. Alors, joueurs ou rigolards du royaume, sommes-nous déjà repu du hasard, ne cherchons-nous demain, que pour la bourse d'or qui y sera accroché ? A nous de choisir. Quitte ou double ?

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 15:55

Mon amour fut cette equation complexe

Dont tu as été la belle inconnue

A-t-il fallu que je renverse les nues

Et les inégalités pour te résoudre !

 

« Tout se vaut ! » me disent mes pairs à en découdre,

Pourtant, tu semblais valeur absolue.

« Une de perdue, dix de retrouvées. »

Drôle de calcul de probabilités non-prouvé !

 

Tu avais beau être négative là-dessus,

Je t'aime d'une telle puissance

Que je ne retrouve plus la racine

De ce sentiment sans intervalle.

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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 13:21

Sensuel toucher d'avec les bras de la terre,

Ces racines remontant vers les cieux

Vont jusqu'à chatouiller ce bon vieux Pater Noster.

L'on en fait des meubles, c'est plus vicieux.

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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 13:20

Alors que les ombres des feuilles balancent
Entre le pré et le verger de Valence
Des fumées principières s'elevent, hautes,
S'evaporant, ne laisse plus aucune faute.

Au loin, dans la distance verdoyante,
La ville est comme une sombre voyante
Assise sur la colline, murmurant des bruits occultes
Des formules incomprehensibles qui exultent.

Espagne de rouge couleur, la rage
Des siècles n'a rien laissé, aux gueux, en gage
Sinon cette drôle de fleur aux formes absentes.


Qui sommes-nous, souffle-t-elle avec le vent,
Puissons-nous jamais exister du levant
Au néant, pauvres erres sans sensations.

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