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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 22:59

On ne voit pas Newton, allongé contre
Ni personne d'autre, cela n'étonne, parcontre,
Personne, puisque nul ne vient en ce lieu
Un désert sans ombres, une chaleur bilieuse.

La neige est-elle tombée en manteau
Sur la dune endormie contre les draps marins ?
C'est comme si la fonte est perpetuelle
Au fil de l'océan printanier, et rituel
Le froid beige est un mensonge de parasol.

Point de navire à l'horizon rose pâle
Ces lèvres gercées, le vent renverse la côte,
Même les nuits d'amour sont en vacances.

Tout est loin de la plage abandonnée, au bord,
Sans les maillots colorés de rouge ivoire ou
De vert écaille, les trésors restent sous la mer.

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 22:52

« C'est la journée de la parade. Tous les cœurs se joignent à la place de la ville. Y allez-vous, Bertrand ? »

Un peu perplexe, la figure en mûre, la moustache inégale, la chemise couleur mûre, la veste mûre. Les lunettes cerclés d'or et de soleil, il regarda Ms. Margaret, elle tenait des lilas dans le gant étoilé. La cloche retentissait, comme un piano qui tombe de plusieurs étages. Oui, il irait bien là-bas, faute de mieux, il faisait beau, ça lui rappelait les Dimanches d’élections de son enfance, les drapeaux faisaient des petits monceaux d'oiseaux dans les horizons urbains. Du rouge fin et peu agressif, comme le résultat d'un coloriage de fillette, il aimait cette couleur modérée, elle n’agressait pas ses yeux aux iris comme des mûres. C'était un nostalgique, oui, c'était sa seule défaillance, ce manque d'Hier. Mais c'est le pire manque, car il n'y a jamais de retour en arrière. On imagine ce qui nous échappe, à contre-sens, ce qui va à l'envers de ce qu'observe Bertrand, présent. Il pensa soudain, au moment même où Ms.Margaret sourit, « L'Histoire est un cauchemar dont je tente de me réveiller. » Son histoire, ses histoires, l'Histoire de l'Angleterre.

Tout s'entremêlait entre deux tasses de café, brûlant la gorge, allumant les lèvres, creusant les yeux. Il avait un arrière goût de mûre, non ? En sortant par la porte, la robe couleur mûre de Ms. Margaret éclatait enveloppée dans les herbes du jardin, verte-bleu comme ses yeux de Diane. Les mouvements de Ms. Margaret se traçait de petits traits de lumières colorés, des milliers de nuances de mûres, comme si le peintre avait écrasé ces fruits qu'il avait éparpillé avec des doigts d'or sur sa toile qui n'était autre que la vision de Bertrand. Son chapeau bien fait, était une éclipse de mur, des ovales perpétuels couleurs mûres, avec une petit pointe pour le tissu éventé. Un vent aux senteurs de mûre, oh cette odeur de l'enfance où le fruit jaillissait au visage jusqu'aux yeux qui piquaient alors ! Les yeux agressés par la mûre !...

Entre le monde et l'âme de Bertrand, un mur de brique rouge, massif, impénétrable. Sa cécité depuis trente deux ans.

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27 mars 2014 4 27 /03 /mars /2014 17:16

Je me souviens d'un désert, des berbères m'avaient demandé en chemin, leurs visages en énigme carrée, qui j'étais. Je crois que j'étais postier, je pilotais un avion qui ne pouvait atterrir. Mais c'était tout. Je ne savais plus quoi répondre, alors j'ai fui vers Tanger, il fallait, oui, il fallait me reposer. Car c'est tout mon être qui se rapporte à tout sans jamais s'appuyer sur rien. Comme une fenêtre laissée ouverte dans une masure oubliée depuis cinquante ans, je marche petit homme, d'une définition à l'autre. La lumière filtre pour éclairer la salle vacante, brune et poussièreuse d'idées, mais le vent, les paroles, les effluves, les parfums, les souvenirs, toute la somme des sensations penetrent l'appartement. C'est à ce moment que je suis.

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23 mars 2014 7 23 /03 /mars /2014 11:55

Las et ivre de vivre à continuer d'échauffer

Ses pieds sur le goudron ingras il vit la rivière

Roucoulante, n'en pouvant plus d'ouvrir les yeux

Il coula son corps pour que l'âme joigne les flots

De la crystalline rivière remuante de lumière.

Comme un envol il escalada la barrière de cuivre

Et épousa les dryades et les pierres au fond

C'en était fini ses yeux à jamais scellés

Dans la blancheur hydrique ses cheveux

Dans le mouvement perpetuel des algues

Un bateau simple et prometteur de chair en fuite

Devalait cadaverique la rivière follement

En course vers le Fleuve il ballotait un peu

Frappait ici et là les murets des oiseaux

Du Printemps picorait son périple marin

Trois jours plus tard la police remit la main

Dessus.

 

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23 mars 2014 7 23 /03 /mars /2014 11:49

Quel est ce geste primitif, rapide, risible

Que de cacher l'ombre de la voix, le poids des os

D'abattre  ce qui est debout et resonnera, désolé,

Au fond croupissant de nos coeurs assassins ?

 

« Va-tu te taire, veau de malheur » crie-t-on

Avec fureur et chaque pelage de notre haine

Rougit de notre misère, puisqu'on ne peut vivre

On efface l'encre criarde pour mieux disparaître.

 

Lorsque tout gît sous la terre, seul, les murmures

De ta culpabilité, tu as eu tort de frapper, ô hargne !

L'opposé de ta vérité, ta légitimité frotte le poignard.

 

Hurlez sur cette tache qui revele la crasse totale

De vos agissements, tuez ensevelissez Antigone

Qu'en a-t-elle à faire des âmes épuisées ?

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 07:21

Quelle langueur déjà connue, cette langue mauve,

La pâleur du Soleil eternel tangue

Les vivants et les morts sonnent étranges

Lorsque ta voix les prononce.

 

C'est une fleur sur un corset, une ronce

Sur le parquet du desuet appartement

Jaune de tabac, les bateaux sont rivés au mur

Fauve de liabiales, il fait force chaud ici

Pour les vivants et les morts.

 

Tu désires tant être honnête quand ta voix...

Mord ce qu'il y a de fragile dans l'absence

Ces longs vers sans voutes tombent

Ces ponts qu'on a oublié, de gloire en tombe !

 Ils s'effondrent, ta langue dans ta gorge

 Ca sent comme la Fronde

La revolte des vivants contre les morts.

 

Dans la conversation, les cieux sont lourds

Comme ceux des cimetières, la conversion...

Est une feuille de thé brûlant, un cimeterre !

Tu sembles ternir sur les photographies

L'autre versant de la montagne coule

Les morts remplacent les vivants.

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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 16:01

Toute ma vie, j'ai attendu des trains sans arrêt. Ça a changé un jour, vous vous en doutez, si ce n'était pas le cas, je n'écrirais pas ce texte. Oui, les gens qui attendent, ils sont trop présents pour écrire quoi que ce soit, ils sont l'instant. Alors pourquoi s’asseoir ici, sur une chaise, dans un immeuble de Courbevoie, c'était étrange. Trouver la source de cette envie d'écrire, voilà qui me rendrait libre. J'avais réussi à ne plus attendre, c'était déjà bien, beaucoup de gens attendaient comme moi, bêtement, et regardaient par la fenêtre.

Croient-ils réellement qu'une histoire va arriver, une matinée dans ces banlieues françaises grises et brunes ? Ils s'en persuadent. Alors pourquoi suis-je (étais-je?) assis, là, contre la vitre de l'immeuble, face à un miroir au centre brisé, toute les pointes formant un talisman à l’intérieur du cadre. Ce n'était pas beau, pourtant. Ça n'essayait même pas de l'être. J'avais toujours attendu que le reflet ne réagisse pas comme moi, oui, je m'en souviens... Lorsque j'étais enfant, je faisais des tonnes de grimace dans la salle de bain dans l'espoir de voir mon reflet en avoir marre, dans l'espoir de le voir vivre autrement, d'être l'instant. L'instant est un temps d'inspiration, c'est ce que disait mon professeur d'art appliqué. Lui aussi aimait travailler avec les miroirs, mais il les voyait comme des labyrinthes. Ou bien voyait-il l'humanité ainsi reflétée ? Je ne sais pas trop. Il était bizarre de toute façons... Ça ne va pas très loin mon histoire, je voudrais écrire mais je parle, l'instant T... me mène sur le point J, et voilà les deux sécantes qui brouillent mon esprit !

 

Il se tut soudainement, il venait d'entendre un bruit provenant de l'escalier, il regarda, il était l'attention. Il se repassa les cheveux en regardant son portrait ondulé sur le miroir cassé. Qu'est-ce qu'il avait l'air là, présent. En tout cas, il prit un pistolet sous le fauteuil. Il se sentait libre, d'une certaine manière, il n'était pas comme cette pierre sur le coté de la route, qui attend la botte du voyageur pour faire un pas. Il avança lentement vers la cage d'escalier. Un visage remonta, quelle blancheur, une gamine.

 

Toute ma vie j'ai cherché des portes ouvertes. Ça n'a pas vraiment changé, c'est toujours la même vieille histoire. On ne change jamais, moi j'crois, on ment voilà tout. J'ai toujours été une dure, très tôt j'avais décidé de vivre ! Les garçons, quels cochons parfois, ils me crachaient à la figure et ça sentait la racine de la banlieue, comme il existe des racines de plantes amérindiennes. Je n'en avais jamais vu ni senti, seulement lu dans des vieux livres de mon père. Si vous voulez tout savoir, j'ai toujours été comme ça, à lire, lire, lire tout ce qui me tombait dessus. Mon père, il était dit « spécial » dans le quartier. Enfin, d'après ce que j'ai compris, c'était une manière de dire qu'il s'en fichait de ce qu'on disait de lui. Et c'est vrai, on s'en fichait. On lisait. Tout. J'étais omnivore, me disait-il. Pas comme les autres, « qui n'avaient qu'une seule gamelle, ils étaient aveugles au banquet du monde, bêtement » disait mon père.

Croyait-il réellement à ce qu'il disait ? Moi, je le croyais. Il était ma bible. Et il en avait l’épaisseur, dites. Et l'amour. C'était la seule chose qu'il professait avec certitude. Aimez votre miroir, disait-il ! Aimez le comme on aime les odeurs de sa jeunesse ! C'était un sacré sage, imaginez que par la suite, la lecture des penseurs que vénérait nos tantes éloignées, Confucius ou Lao Tseu, paraissait fade. C'était mon père tout imprimé dans des petits livres noirs et simples, aux caractères clairs, mais ce n'était pas Confucius, c'était mon père. Alors, j'ai fini par aimer Confucius et Lao Tseu parce qu'ils étaient le miroir de mon père... Alors, je les ai aimés, mais ils étaient deux, ils écrivaient mal et mon père parlait si bien, si doucement... Ah ! Pourquoi la mort touche-t-elle les lecteurs ? Pourquoi ne finissent-t-ils pas en recueil d'eux-même ? Pourquoi ne rejoignent-ils pas leurs héros de papier et d'encre ? Peut être avait-il trouvé la piste de Siddhartha dont il me parlait avec amusement, comme le « frère traître de la famille chinoise, celui qui a causé un froid aux repas de familles... » Et moi qui essaie de traduire mon père alors que je n'ai jamais pu le lire complètement !

 

 

Elle regarda soudain vers le plafond. L'escalier ressemblait à ces étroits labyrinthes chinois, tout était de porcelaine fine, quelle blancheur ! Elle monta avec joie les marches, un pas suave après l'autre, des échos doux résonnaient dans le petit couloir à la verticale. Elle vit une porte entrouverte, dehors, le bruit des rails sifflaient fort, emportant des millions de trompettes, des coups frappaient, dominaient l'espace, le train quitta la gare en laissant s'estomper son chant dans le lointain. Elle passa sa tête dans l'appartement. Elle vit un miroir brisé – « Malheur aux fantômes. » disait son père – et dedans, brillait un visage calme et perdu. Un visage qui attendait, un visage dur d'une colère passée...

 

Il sourit alors du sourire de celui qui sait tout conclu. Et légèrement, il fit feu.

 

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 18:00

Les voix vibraient aquatiques,

Sillon des rames de métro

L'ange Gabriel percute les sorties

Étroites, toi, tu ricanes comme un couteau,

Lame de fond ! Fin de page !

Coin du doigt brûlé, les tréfonds nagent

Dans le pétrole en pétales

L’ambroisie, quittez je vous prie

La pétiole des costumes vert anglais

Vole de poubelles en cages cafres

Elle a étouffé dans la station

On ne se réveille d'un trajet

Qu'à l'éclatement de notre conscience.

 

Tous mâchent des feuilles

Le lac tarit, foudre de pédoncules

Espoir ! Renverse la floraison

Avant que je sois seul en conversation

Avec ces bleuets morts !

Et tous les reliefs craquelaient

Je nouais jadis mon âme à des coffres,

Ces navires sans océan, sans matrie !

La matrice des plaisirs s'emballe

Mais, l'obscurité des yeux bleus

Absorbe le cosmos de la Beauté.

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 17:56
« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre. »
Charles Péguy

 

Une dernière fois le disque de lys grinça

Dans ta maison d'Île-de-France

Celle qui s'était déshonorée, des mairies

Bien trop fleuries ! Bien trop cuisantes !

Tu agrippas ton destin pour le sauver,

Le protéger d'assauts incessants.

 

A la puissance des mitrailleuses, ton gant

Fit un salut noble, dix arbres, dix fables

Ombres kaléidoscopiques sur les champs

Contre champ de ton uniforme chauve.

Une seule étoile comme une broche à tes nuits

Sans sommeil...

 

Tu recevais des lettres mal parfumées,

Elles signaient de prénoms infâmes

Terrestres et ça sentait l'hôpital à s'en crever

Les yeux déjà aveugles, perdu aux dix arbres

En une ligne hypnotique, ces lettres adressaient

des vœux déjà meugles à un Charles.

Toi, tu parlais à Dieu, loin des Hôtels-Dieu.

 

« Une deuxième chance » reniflaient deux baïonnettes

Toi, tu ne mugissais pas, les poilus électriques

Ces fillettes aux taches de modernité

L'image se brouille, attaches de poudre violette

Un mort charcuté, haché, a des couleurs

De journal populaire, est-ce un leurre ?

Toi, tu relevas le crâne, tu n'avais pas de casque.

 

Ô le silence des yeux bleus face aux cieux reflétant !

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 17:55

Comme une épave de lumière en pleine ascension vers le néant,

Comme une larme luminescente surgissant dans l'océan,

La pleine Lune argentée refléta l'orbe des savants

Ces deux gouttes humides d'émotion fraîche et franche

Poursuivent le tissu des années, la notion tremble et penche

Lorsque la fausse lampe cesse d'éclairer nos pas confus

Une rive déborde du regard blanc, de la nappe étanche

Tu passes par dessus bord, Jonas heureux, loin du banc touffu.

 

Comme la tombe au Soleil des soldats volant au ballet

Comme le sourire d'une vieille femme décousue et d'un enfant,

L'horloge atomique cliqueta les lames immondes du monde

En proie aux averses, toutes les joies prennent les armes.

Dis-toi que la plaine bleu-pré est front contre front

Avec les astres qui laissent voir l'ivoire des secrets

L'arrière-salle, le fond de la boîte, les fils du Temps

Qui nous agitent, pantins, sur cette scène éclairée

Par la fausse lampe du théâtre magique, tu es

La seule spectatrice que nous désirons

Ô le mythe des yeux bleus !

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Qui Est Le Dangereux Malade Derrière Tout Ça ?

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