Les corbeaux voltigèrent d'arbre en arbre dans un tonnerre effrayant. La neige retomba lourdement comme des pierres sur l'enfant. Tout fit bruit dans la forêt grondante. L'enfant regarda, malheureux, l'homme mort dans la neige fraîche, les mains tenant mollement la torche. Sans un bruit, et sans alerte, la neige arrêta de tomber et le vent tomba. Le temps s'arrêta de nouveau autour de l'homme et l'enfant. Ce dernier n'osait toucher le macchabée tout frais, tenue dans un cercueil froid et apaisant. Une journée semblât se passer pour l'enfant, lorsqu'Hiver montra sa truffe à travers la scène arrêté digne des fresques italiennes de la Renaissance. L'enfant ne regardait pas Hiver, bien qu'il savait qu'il était là. Hiver, comme pour respecter le deuil de la forêt, s’avança modestement vers son Maître déchu. Le chien lécha le mort, s'aperçut de sa raideur funeste. Il se coucha sur le sol et semblait comprendre parfaitement la situation.
L'enfant se releva, et tira d'une main leste et peu décidé le corps vers le fortin. Hiver, qui avait appliqué le dicton «Le Roi est mort ! Vive le Roi!», guidait son nouveau Maître vers la dernière demeure de l'ancien Maître. C'était une passation de pouvoir fort étonnante qui se déroula à l'orée du bois. Les corbeaux observaient la scène sans bruit, comme si eux aussi respectait le deuil et l'homme.
Le soleil retrouva de sa superbe, lorsque le nouveau maître du domaine arriva face au fortin, ravivé de milles couleurs. Le blanc tranchait et renvoyait de l'espoir sur l'enfant qui semblait toujours aussi lugubre, et dont la joie semblait être sorti par le gosier. Les chiens voyant le vieil homme rappelé par l'Enfer, baissèrent la truffe et portèrent le deuil. L'enfant fit rentrer le corps, le déposa assis sur le fauteuil. Enfin, il fermât la porte.
EPILOGUE
Le mioche n'osa pas pendant quatre jours toucher le corps de l'ancien homme. Il le laissa intact sur le fauteuil, et les chiens l'observaient, couchés sur le tapis de soie. L'enfant ne le regardait pas, et contournait le regard vers les chiens à chaque mouvement inopiné de son regard curieux, vers le fauteuil sacré.
Arrivé à cinq jours, l'enfant se dirigea vers le corps vidé de toutes âmes, et lui retira ses vêtements, il prit en fouillant la veste, une lettre où était gravé en lettre d'or «A celui qui m'a trouvé mort.» L'enfant reposa la lettre sur la table et trouvait qu'il n'était pas correct de lire le courrier des morts. Peut être irait-il la lire par la suite. Il n'en savait rien.
Ce fut ce Dimanche soir, donc, que l'enfant enterra l'homme à l'arrière de la maison, à l'abri des regards. Seul la forêt arrêta de se mouvoir pour assister aux funérailles. Pas un mot ne fut prononcé. Après avoir fini son travail de fossoyeur d'un jour, l'enfant lâcha une seul larme qui s'éclata par terre comme du verre. Il n'aurait jamais cru avoir pu pouvoir pleurer ainsi à la mort de quelqu'un qu'il avait connu quelques jours plus tôt. L'enfant peint sur une pancarte modeste en rouge pourpre : «Au dernier des hommes bons.»
L'enfant en rentrant dans la maison pensa partir, retourner voir ses parents et ne rien leur raconter de cette histoire folle. Mais, la lettre subsistait, là, sur la table, patiente. L'enfant prit finalement la lettre sans la froisser, et la lu.
Dans les jours qui suivirent après avoir lu la lettre, l'enfant semblait avoir perdu son identité et il remplaça l'âme qui, jadis, tournoya par là. Il s'occupa des chiens avec minutie et mit les même vêtements. Il devint jour après jour, l'homme auquel il avait succédé. Certes, le physique ne s'y collait pas. Et homme qui aurait connu l'homme aurait bien vu que l'enfant n'était pas la même personne. Mais l'enfant prenait inconsciemment les même mimiques et la façon de parler Socratienne, calme et ironique de l'homme.
Au début du mois de Septembre, Été vint. L'enfant qui ne l'avait jamais vu, sût tout de suite que c'était lui. Été était un golden retriever dont le pelage rappelait les champs de blés, et la jovialité du monde. Il était d'une énergie épatante, et courait à travers la forêt bien plus vite qu'Hiver. Le jour même où Été entra au foyer pour boire à son Graal de taule, Automne partit hors du foyer à travers la forêt encore plus sombre que d'habitude. L'enfant observa la mascarade sans broncher semblant acquiescer l'aventure.
L'enfant vieillit et devint homme. Ces cheveux n'était plus si bouclés et rebelles mais bien plus rêche, qui menaçaient de tomber. L’œil bleu demeurait bien plus violacé, et ce fut une mer de rides qui accompagna l'orbe marin. Le béret ne lui allait plus, mais son envie d'aventure subsistait, il brûlait toujours d'une flamme immuable au fond de son œil. C'était un feu aussi grand que ceux de la Saint-Jean où l'on pouvait voir les rêves sautaient par dessus le brasier rougeoyant pour prouver leur solidité. Les chiens ne semblait vieillir et gardait leur caractère quand bien même, le vent, le blizzard ou les désastres. La maison tenait face au temps. Comme un bastion qui luttait en restant bloquer dans le déroulement des choses. Les actions et le levé du soleil semblait, pour notre chasseur modeste, bien plus lente que dans son enfance.
Ce fut au début du mois de Juillet, lorsque le soleil de nouveau éclata sur les contrées se montrant à tout les passants rares, que ce dernier partit chassé. Il frotta sa barbe fort aussi en friche qu'un champ mal tenu. Il marchait avec ses trois chiens derrière lui, en rang bien serré. L'homme vit à la sortie du bois, là où la lumière est arrêté par les portes tenaces de la forêt, une ombre chétive. Hiver partit tout de go, et bondit d'arbre en arbre vers la forme inconnu et naine. L'ombre avala le chien, qui devint noir comme le fond d'un tiroir. Un corbeau vola et croassa au dessus de l'homme, fusil au poing, prêt à éparpiller son plomb. L'ombre attrapa Hiver qui tomba sur le sol.
L'homme fonça tellement furieusement, qu'on eut peur qu'il défonça tout les arbres sur son passage. Les fenêtres que formaient les écart lumineux entre les troncs, éblouissaient l'homme qui pourtant, était une tornade en puissance. Il atteint son point, leva son fusil vers le malheureux qui molestait son chien. L'homme ouvrit l’œil et vit un enfant qui flattait Hiver avec toute la bonté qu'il possédait.
«-Nous nous revoyons déjà ? dit l'homme, interrogateur.»
FIN